Face à l’Égypte ce samedi, le Portugal était loin, très loin d’avoir pratiqué un jeu flamboyant, c’était même, disons-le franchement, laborieux. Mais au final, comme l’a dit Fernando Santos en conférence de presse, « l’équipe s’est révolté car elle n’accepte pas la défaite » et si c'était ça la nouvelle marque de fabrique de la Seleção ?
On part souvent du principe que dans le football, il n’existe que 3 paramètres importants. La technique, la tactique et le physique. Pourtant, le Portugal pourrait être l’exemple même du fait, que le mental pourrait et devrait, être enfin considéré comme une matrice essentielle de tout sport collectif ? « Le football, c’est avant tout un état d’esprit » expliquait Jorge Valdano et il est fort probable que cette théorie explique ce que l’on a vu sur la pelouse du stade Letzigrund ce vendredi, mais aussi et plus généralement depuis l’arrivée du sélectionneur aux commandes de l’équipe.
Car souvenez-vous, le 20 juin 2016, Fernando Santos déclarait en conférence de presse « nous ne rentrerons pas au Portugal avant le 11 juillet prochain ». Cette phrase en a fait rire plus d’un, qui les voyaient toujours comme des petits, incapables d’aller jusqu’au bout. Pourtant c’était bien le tournant qui a fait comprendre aux joueurs que c’était possible comme l’a avoué par la suite Cristiano Ronaldo avec la fin que l’on connaît tous.
Car pendant des années, nombreuses ont été les louanges envers le jeu pratiqué par l’équipe nationale, que l’on qualifiait même souvent comme, « les Brésiliens de l’Europe ». Mais au final, tout ça pour quoi ? Un néant profond, une absence totale de trophées internationaux. Le fait le plus marquant, c’était sous un certain Scolari, qui bien que trop timidement, évoquait déjà « Le Portugal peut remporter l’Euro » en 2004, ou la Seleção avait atteint la finale, perdue justement face à un adversaire beaucoup plus pragmatique.
Et donc pour en revenir à notre raisonnement, cette déclaration mythique de "l'Engenheiro" a fait basculer le Portugal dans une nouvelle ère. Finie l’époque où ils voulaient jouer bien pour gagner le respect en tant que "petite nation du football", un terme qui les a rapetissit pendant bien des années. Aujourd’hui le Portugal est entré dans une nouvelle ère, celle du : « nous pouvons, nous voulons et nous nous devons de remporter la victoire, peu importe l’adversaire et si l’on joue bien ou mal. Car nous, nous sommes les meilleurs, nous ne sommes pas plus petits que les autres, bien au contraire ». Et ça, c’est la spécialité du Mister, qui avait ces dons depuis le début de sa carrière d’entraineur à Estoril Praia où il était déja surnommé le "rafistoleur psychologique", comme l’a confié avant l’Euro José Martins au journal « Observador », un ancien joueur qui a partagé les vestiaires avec lui et l’a vu exercer pour la toute première fois, la fonction d’entraineur :
« il savait nous motiver en discutant, sans avoir besoin de crier. Et quand il parle, il s’adresse au groupe en entier, l’union c’était le plus important pour lui ».
C’est donc, sans surprises que depuis son arrivée, tous les joueurs ont élevé leur niveau d’estime de soi, désormais affronter la France, l’Allemagne ou l’Espagne, comme cela va être le cas en Russie, n’est plus source d’angoisse, car dans la tête des joueurs, ce sont eux les meilleurs du monde.
Conscients de cela, la culture de la haine de la défaite et la confiance dans leurs propres capacités individuelles et collectives, est désormais devenu le point fort des joueurs de Fernando Santos, qui l’ont prouvé une fois de plus ce vendredi face à l’Égypte lors d’un match épique qui reflète parfaitement ce nouvel état d’esprit.
Car après une domination stérile pendant près de 56 minutes, Mohamed Salah ouvrait le score en faveur des pharaons et c’est là, qu’a eu lieu ce déclic. Ce fut en étant, mené au score, que le Portugal trouva alors un nouveau souffle. Complètement désorganisée tactiquement, brouillons techniquement la victoire a été obtenue avec le cœur, avec la fierté et l’orgueil de porter les couleurs du pays qui sont également celles du champion d’Europe en titre. Une rage et une détermination sans failles qui s’est alors abattu sans répit telle une malédiction sur les pharaons. Et même au fil des minutes qui passaient, cette lumière ne s’est jamais éteinte jusqu’à la délivrance finale avec deux buts dans les toutes dernières minutes de la rencontre. Deux buts qui ont été marqués presque poétiquement par Cristiano Ronaldo. Car qui d’autre que le meilleur joueur de la planète pour incarner cet état d’esprit de la gagne, de la rage de vaincre, de la haine de la défaite et de la volonté de se surpasser ? Un état d’esprit si douloureusement acquis au prix des critiques et des insultes (souvenez-vous du fameux dégueulasse), mais désormais bien ancrée dans la peau du groupe lusitanien.
Car ils sont grands et aucun adversaire, quel que soit son nom ou son rang, n’arrivera à leur faire accepter la défaite. Et n’en déplaisent aux nombreux détracteurs, Fernando Santos a déjà prévenu : « le mondial n’est pas un rêve, mais bel et bien un objectif », alors rendez-vous le 15 juillet prochain car, si eux y croient dur comme fer, qui sommes-nous pour douter de leurs convictions…