Refusée une première fois, la trêve hivernale a finalement été approuvée par la majorité des clubs de la Ligue Portugaise. Cette mesure sera une réalité dès la saison prochaine et aura pour principale conséquence l’augmentation du rythme des journées en début de saison et donc, avec plus de matchs en pleine semaine. À croire que la Ligue aime vraiment se tirer des balles dans les pieds…

Si au niveau de la fédération, le football portugais est en constante évolution (pour preuve les excellents résultats des sélections AA, espoirs et la croissance du football féminin) on ne peut en dire autant de la Ligue des clubs qui régit le premier, le deuxième échelon ainsi que la Coupe de la Ligue au Portugal.

Après avoir échoué à centraliser les droits TV, à rendre plus transparents le VAR, à éradiquer la violence et la haine dans les stades et les télés, à accommoder les calendriers de Porto et Benfica en interne pour faciliter leur parcours Européen, voilà que la Ligue a décidé de pondre une nouvelle super mesure : une pause hivernale…

Alors qu’outre-Manche le Boxing Day fait un carton (même s’il rencontre des opposants) avec des billets a pris réduits pour les familles et qui remplissent tous les stades de Premier Ligue lors de superbes journées de football et qui devraient servir d’exemple, au Portugal on a décidé de faire l’inverse et imiter la Russie qui n’a certes pas le choix. Car c’est bien connu, au Portugal l’hiver est aussi rude qu’en Sibérie au point de risquer de voir que les pingouins pourraient envahir les stades du pays et faire des pelouses leur terrain de jeux favoris…

Les causes :

D’après les articles de presse cette idée aurait germé dans la tête de José Couceiro (dirigeant de la Ligue et ex-entraineur) et aurait pour but de limiter les fins de saisons parfois hypers chargées. C’est un argument tout à fait valable, surtout quand on voit les peines éprouvées par le FC Porto et Benfica en Coupe d’Europe, mais cela n’aurait-il pas pu se résoudre différemment ? D’autres solutions existent surtout quand le remède risque d’être encore plus néfaste que le mal…

Les conséquences :

Même si les dates de la trêve n’ont pas encore été officialisés, on parle d’une pause d’environ deux semaines à cheval sur la dernière semaine de décembre et la première de janvier. Si l’on prend en compte le calendrier des dernières saisons, cela voudrait dire qu’il faudra décaler deux journées de la phase de groupes de la Coupe de la Ligue et une journée de championnat, qui seront donc (si l’on s’en tient aux arguments qui amènent cette mesure) avancées plus tôt dans la saison.

Dans un championnat à 18 où seuls les journées internationales (sélections nationales) empêchent la réalisation de la Ligue le week-end, cela va avoir pour conséquence de placer aux minimums deux journées de Coupe de la Ligue et une journée de championnat en pleine semaine, aggravant ainsi encore plus l’un des plus grands cancers du football portugais, les faibles assistances dans les stades.

On a eu suffisamment d’exemples avec les matchs du vendredi et du lundi soir, ainsi que les matchs de Coupe de la Ligue les mardis et mercredi pour affirmer que ces solutions ont amené les matchs avec les pires assistances, même chez les trois grands clubs du pays.

La majorité des stades portugais (sauf ceux du Benfica, Porto, Sporting, Vitoria SC et Braga) enregistrent des moyennes largement en dessous des 10 000 spectateurs par match, des moyennes qui sont même pour la moitié des équipes en dessous des 5 000.

Au lieu de prendre des mesures, comme cette trêve hivernale, qui vont empirer la situation comme essayer d’avancer les horaires des matchs (comme en Angleterre) et les interdire le vendredi et lundi et donc en semaine, la Ligue a vraisemblablement décidé de faire l’inverse et rajouter encore plus de matchs en pleine semaine qui se terminent souvent après 23h00, un cauchemar pour les travailleurs et c’est encore pire pour les supporteurs qui de l’équipe adverse qui font souvent beaucoup de kilomètres pour accompagner leur équipe.

Si la préservation de l’intégrité physique des joueurs en fin de saison et l’agencement d’un meilleur calendrier doit être une des priorités, elle ne peut pas s’opposer à ce qui est l’essence même du football et du sport en général, c’est-à-dire son public. Une trêve hivernale n’a de sens que dans les pays où les conditions climatiques sont si rudes qu’elles rendent impossibles le bon déroulement des rencontres. Appliquer cette mesure au Portugal ne fait donc aucun sens et la Ligue est, encore, en train de se couper l’herbe sous le pied…

Ceci est un article d’opinion par BDS