Porto remporte l'Europa League en 2010-2011

Après son élimination en quart de finale face à l'Atletico Madrid, le sulfureux entraîneur du Sporting, Jorge Jesus déclarait en conférence de presse : "Imaginer qu'un club portugais puisse remporter l'Europa League est une farce". Et c'est justement à cette affirmation que nous allons tenter de répondre aujourd'hui.

Bien évidemment, il nous est impossible de savoir si un club portugais réussira à remporter cette compétition dans un avenir proche, car c'est un secret jalousement gardé entre les mains des dieux du football. Cependant nous allons ici essayer de répondre à cette question le plus scientifiquement possible. Une question dont vous avez d’ailleurs été une écrasante majorité (77% sur Facebook et 79% sur Twitter) à penser qu’il a tort.

Si par le passé, les clubs Lusitaniens ont brillé dans la compétition, nous allons vous démontrer que bien que les nouveaux règlements aient rendu un pareil fait, bien plus difficile à rééditer, aujourd'hui cela tient surtout à une volonté politique et surtout économique.

Un passé glorieux :

Pas besoin de remonter très loin dans l'histoire de la compétition pour trouver des preuves récentes de succès Lusitaniens. Le plus marquant a sans aucun doute été la première finale 100% portugaise de l'histoire entre le FC Porto et le SC Braga en 2010/2011. Une finale qui a été à deux doigts de se concrétiser également en 2002-2003 avec la présence de Boavista et du FC Porto de Mourinho (et qui a remporté la compétition) en demi-finale de ce qui était encore, la Coupe UEFA.

Depuis que la C3 a changé de format pour devenir l'actuelle Europa League en 2004-2005, les clubs Portugais ont atteint le stade des finales à 5 reprises (Benfica 2 Sporting 1, FC Porto 1 et Braga 1) mais seul le FC Porto l'a remporté lors de cette fameuse finale 100% Lusitanienne. Si l'on pousse l'analyse encore plus loin, on notera la présence d'au moins 1 club Portugais en demi-finale à 4 reprises sur les 13 éditions de l'Europa, soit une moyenne d'une année sur 3. Tout ça pour dire que ce n'est en tout cas absolument pas une question de niveau, les clubs Portugais ont largement la qualité suffisante pour remporter la compétition.

 

Une légère baisse de régime

 

Comme nous l'avons vu précédemment, le dernier titre remonte à 2011 (victoire du FC Porto) et cela fait maintenant 4 ans que l'on ne retrouve plus de club portugais dans le dernier carré.

Cela correspond étrangement à l'arrivée de deux nouveaux règlements de l'UEFA. Le premier, c'est la fin des fonds d'investissements, qui permettaient aux équipes de recruter un joueur qui appartenait non pas directement au club, mais à une société souvent basée dans des paradis fiscaux. Une solution qui a souvent permis aux équipes du championnat de se renforcer avec des joueurs qui (faute de moyens financiers) n'auraient jamais pu signer au Portugal. Et les exemples sont nombreux, Falcão, Hulk, Witsel, Aimar, Garay etc. Si ce système avait l'avantage d'apporter un regain de compétitivité qui réduisait fortement l'écart avec les grands championnats, il a cependant apporté bon nombre de litiges financiers et l'UEFA a estimé ce système trop opaque et l'a donc interdit depuis septembre 2015, soit une saison avant la dernière finale d'un club portugais dans la compétition.

Le second, c’est la réforme Platini de 2010, qui pour faciliter la participation en Champions League des clubs champions dans des championnats mineurs, à diviser les play-offs en deux parties, une pour les clubs issus des grands championnats et l’autre pour les petits. Ce qui a eu pour conséquence de reléguer en Europa League de nombreux grands clubs issus du top 5, en témoigne la liste des derniers vainqueurs de la compétition : Atletico Madrid, Chelsea, Séville, Manchester United.

Et les choses ne devraient pas aller en s’améliorant, puisque la nouvelle réforme de l’UEFA qui entrera en vigueur dès la saison prochaine, prévoit de qualifier directement en Ligue des Champions 4 équipes des 5 meilleurs championnats, ce qui devrait très probablement corser le niveau de la phase de groupes de la C1, dont le troisième est relégué en Europa League, augmentant donc en conséquence, encore le niveau de celle-ci.

 

Manque de volonté politique et surtout économique

L’économie à une grosse influence sur la politique et c’est aussi vrai dans le football. Si certains d’entre vous se sont souvent demandé pourquoi certains clubs ne se donnaient pas à fond en Europa League sans en connaitre la raison, vous allez voir qu'encore une fois, c’est une question de gros sous.

Car c’est bien ça le nerf de la guerre, vous allez comprendre par de simples calculs, pourquoi l’Europa League n’est pas toujours intéressante financièrement. Car à supposer qu’un club remporte tous ses matchs et donc, aille au bout de l’Europa League, il ne pourra jamais espérer une prime supérieure à 15,710 millions d’euros. Alors que le simple fait de se qualifier en phase de poules de la Ligue des Champions, rapporte une somme de 12,700 millions d’euros qui peut même augmenter jusqu’à atteindre les 16,240 millions avec le passage par les play-offs. Si on ajoute à ce fait, qu’en phase de poules de la C1 chaque victoire rapporte 1 million et que chaque match nul en rapporte 500 000, on comprend très vite qu’un club préfère donc miser toutes ses cartes à essayer de terminer à une place qualificative pour la Champions League dans son championnat respectif, plutôt que de jouer à fond l’Europa League. Et tant que cette disparité financière sera toujours aussi importante, on continuera de voir les clubs portugais continuer à privilégier le championnat à l’Europe League.

En conclusion, Jorge Jesus n’a pas complètement tort lorsqu’il affirme qu’un club portugais a peu de chances de remporter l’Europa League.

Cependant, il a oublié d’en préciser les raisons, bien que les réformes récentes de l’UEFA aient lourdement compliqué la tâche, les clubs Lusitaniens ont largement la qualité suffisante pour remporter l’Europa League. Mais pour cela, il faudrait que le prestige de la C3 prenne politiquement le dessus sur la finance et ça, ce n’est pas prêt d’arriver et même si aucun entraineur ou président de club n’a eu le courage de l’assumer publiquement, ça reste un secret de polichinelle…